Art nouveau (n. pr.) link
Style qui s’est développé durant la dernière décennie du XIXe siècle à travers toute l’Europe et les États-Unis, pour atteindre son apogée vers 1900 et décliner rapidement au début du XXe siècle. Héritier du mouvement Arts and Crafts*, l’Art nouveau est une réaction contre l’éclectisme* de la seconde moitié du siècle et les produits de l’industrialisation. Art total, il abolit la distinction entre les arts « majeurs » et « mineurs ». Le décor Art nouveau est caractérisé par des formes stylisées*, souples et organiques, inspirées de la nature, par l’asymétrie, par la ligne courbe* et dynamique dite « en coup de fouet » (voir courbe) qui n’est pas sans rappeler les inflexions du rococo*. Il emprunte également son vocabulaire ornemental aux arts non-occidentaux comme celui du Japon (voir anglo-japonais), de l’Afrique du Nord ou du Moyen-Orient et tient à certains égards du symbolisme*.
Si l’expression Art nouveau – du nom de la galerie d’art de Samuel Bing (1838-1930) à Paris – est communément admise pour désigner le style, celui-ci connaît des appellations variées selon les pays : Modern Style en Grande-Bretagne, Jugendstil en Allemagne, Sezessionstil en Autriche, Stile Liberty en Italie, etc. Ces dénominations témoignent du caractère national de l’Art nouveau et de la diversité formelle entre chacune de ces variantes. Ainsi, la tendance autrichienne (Sezessionstil ou Sécession viennoise*) dominée par la ligne droite et les formes géométriques, survivra au déclin du courant général, au début du XXe siècle, tout en annonçant l’Art Déco* et le modernisme.
Dans le domaine du papier peint, l’Art nouveau se manifeste par l’adoption d’un répertoire de motifs* végétaux ou zoomorphes, souvent doublés d’une connotation symbolique. Loin de se contenter d’une servile imitation de la réalité, le graphisme exploite la stylisation et le dynamisme des courbes et de la ligne « en coup de fouet ». Les déclinaisons germanique et autrichienne du style, sont marquées par une plus grande géométrisation des formes, rythmées de jeux de lignes et de pointillés* divers. Le caractère bidimensionnel du mur est conforté par le rejet de la mimétisation du réel, du trompe-l’œil et de la perspective. Les couleurs privilégient les nuances pastel alors que le Jugendstil exploite davantage des tonalités plus fortes et contrastées. Sous l’influence de l’Aesthetic Mouvement en Grande-Bretagne et aux États-Unis dans les années 1880-1890, l’Art nouveau se nourrit de la réorganisation du décor mural ; la frise* plus large devient plus présente, tandis que sa hauteur, désormais équivalente à la largeur d’un lé, permet d’abaisser visuellement le plafond pour distiller une atmosphère plus intimiste. Devenue le décor essentiel de la pièce, la frise acquiert son autonomie et se révèle pleinement (Boussoussou et al., 204, p. 100, 114 ; Gruber & Arizzoli-Clémentel, 1994, p. 289-291 ; Harmanni, 2001, p. 55 ; Jacqué, 2004, p. 4, 10 ; Riley & Bayer, 2004, p. 298-301, 330).
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Illustration:
Papier peint à motif végétal, auteur inconnu.
Impression au cylindre, 1900 ca.
Provenance Bruxelles, Square Ambiorix, Quaker House.
© KIK-IRPA, Bruxelles (X041583)