néo- link
L’appellation « néo » désigne la tendance artistique développée principalement autour des années 1840-1880 qui s’inspire et réinterprète la plupart des styles historiques. On distingue entre autres le néo-byzantin*, le néo-gothique*, le néo-Renaissance*, le néo-baroque*, le néo-rococo*.
Après l’épanouissement du néoclassicisme*, depuis les dernières décennies du XVIIIe siècle jusqu’à la fin du style Empire*, un engouement pour l’art gothique se manifeste, offrant de nouveaux modèles aux artistes (voir néo-gothique). Il sera suivi, dans les années 1840, d’un regain d’intérêt pour tous les styles du passé. Ceux-ci sont utilisés, réinventés, parfois utilisés côte à côte au sein d’une même composition de manière éclectique.
La prédilection pour un courant particulier est variable d’une période à l’autre. L’historicisme est alimenté par la publication et la réédition d’une quantité importante de recueils de modèles ainsi que de grammaires et d’encyclopédies de l’ornement qui proposent des classements systématiques de motifs par style. Parmi elles, la Grammar of Ornament d’Owen Jones (1809-1874) de 1856 est certainement la plus connue. Cet engouement passéiste est surtout le fait d’une bourgeoisie montante, sans racine culturelle propre, désireuse de se forger une identité tout en cultivant le désir de nouveauté. Le large éventail des styles disponibles répondait à la demande de ce public de plus en plus vaste, en quête d’ascension sociale. Pour répondre à ses besoins, grâce à la Révolution industrielle et à la production en série, toute une gamme de nouveaux produits, économiques mais luxueux en apparence, est commercialisée.
Le papier peint participe de ce mouvement : grâce à la mécanisation des industries, il devient accessible à un plus grand nombre. L’imitation de matériaux est une pratique qui reste encore très répandue (voir Empire*). A côté de la reprise fidèle de motifs* textiles* devenus intemporels (indienne*, damas*, toile de Jouy*), il faut noter la présence de bordures* simulant le stuc* (généralement en camaïeu) et la reproduction factice de décors de pierre sculptée et ce, le plus souvent dans un style gothique* ou rococo*. Tous les styles sont déployés avec une grande fantaisie. C’est le Parisien Dauptain fils qui, à partir de 1823, introduit les décors en pastiches : Moyen Âge, Renaissance, rocaille*, Pompadour, notamment dessinés par Victor Poterlet* (1811-1889). Les événements historiques et contemporains tels que les expositions universelles* constituent également un sujet de prédilection, tout comme les somptueux panoramas ou les décors foisonnants de fleurs* qui suivent la mode des jardins d’hiver initiée par l’impératrice Eugénie (1826-1920), laquelle cultivait un goût pour les nouvelles variétés de roses* et de pivoines*. Si une palette de couleurs* plus claires constituée de nuances de gris*, de blanc* et de vert*, caractérise la production consécutive des années 1840, il n’est pas rare de rencontrer du bleu* outremer*, dont le pigment* est synthétisé depuis 1828 et donne l’effet de lapis lazuli* (Boussoussou et al., 2004, p. 60 ; De Bruignac, 1995, p. 64 ; Harmanni, 2001, p. 37, 45 ; Jacqué, 2004, p. 24 ; Nouvel & Seguin, 1981, p. 19 ; Riley & Bayer, 2004, p. 210-213, 248 ; Teynac et al., 1981, p. 127).
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Illustration:
Fragment de papier peint néogothique, inspiré du papier "Esméralda" de Dufour et Leroy.
Impression à la planche sur papier, après 1840.
Bruxelles, Musées royaux d'Art et d'Histoire, Fonds Everaerts-Fizenne.
© Photographie Geert Wisse, pour les MRAH.